Bien écrire une phrase longue dans un écrit professionnel

Peut-on bien écrire une phrase longue ? Une question étrange sur ce blog, si vous avez déjà lu « Cinq conseils pour alléger vos phrases » qui encourage le « raccourcissement ». En plus, vous avez certainement eu l’occasion d’entendre ou de lire cette recommandation : « Il faut faire des phrases courtes ».

Courtes comment ? Eh bien, à en croire les conclusions de chercheurs en linguistiques, la longueur de la phrase idéale est de 15 mots en moyenne. Ce nombre « magique » est à mettre en lien avec la capacité de notre mémoire de travail. Un sujet évoqué dans l’article « Bien écrire et mémoire de travail ».

Il est vrai que plus une phrase est courte, plus elle a des chances d’avoir une structure simple (sujet + verbe + complément) et ainsi d’être tout à fait lisible.

Mais certains parmi vous pensent sûrement qu’un texte uniquement composé de phrases courtes aura un style pauvre et ennuyeux… et ils auront raison !

Pour bien écrire des phrases longues tout en restant lisible pour votre lecteur, il existe trois techniques.

Aujourd’hui :

Du bon usage de la ponctuation pour bien écrire une phrase longue

Comparons ces deux recommandations données dans le contexte de la rédaction d’un rapport :

– L’introduction présente le but de la recherche ou la question qui a été posée. Elle est normalement écrite de façon à intéresser les lectrices et lecteurs. Une façon de faire est de présenter les différentes hypothèses qui étaient à l’étude.

 Avec celui-ci :

– Le rapport d’activité est un rapport d’étape : il est utile pour faire le point, il est nécessaire pour revoir certains objectifs et les ajuster face à un contexte changeant ; on peut aussi souligner des réalisations exceptionnelles ou particulièrement réussies.

Dans les deux cas, les phrases sont parfaitement claires et compréhensibles.

Cependant, le premier exemple est terriblement « plat » ou même « haché ». Cette impression est due au petit nombre de mots par phrase : 13.4 en moyenne (14 + 12 + 14 = 67 mots pour 3 phrases).

En revanche, le deuxième exemple semble plus avoir plus de liant, plus de cadence. Et ce, malgré la longueur de la phrase : 34 mots… Alors qu’il est couramment admis qu’au-delà de 30 mots, une phrase devient illisible !

Tout ça, simplement grâce à la ponctuation. Les bienfaits d’une bonne ponctuation sont vantés dans l’article « Écrire, c’est aussi utiliser la ponctuation ».

Au-delà de 30 mots, une phrase perd de sa lisibilité, voire devient illisible. Cependant, elle redevient lisible dès qu’elle articule une suite d’au moins deux phrases élémentaires « bornées » par un point, un point d’exclamation, un point d’interrogation, deux points ou encore un point-virgule.

Comment une phrase longue peut-elle rester lisible ?

En fait, pour bien écrire une phrase longue, il faut la découper en plusieurs éléments de sens ! Reprenez la longue phrase de notre exemple. Déjà, c’est bien une seule : elle commence par une majuscule et finit par un point. Mais quand on l’examine de plus près, c’est une phrase composée de quatre phrases élémentaires, aisément repérables avec la ponctuation :

– Le rapport d’activité est un rapport d’étape :  il est utile pour faire le pointil est nécessaire pour revoir certains objectifs et les ajuster face à un contexte changeant ;  on peut aussi souligner des réalisations exceptionnelles ou particulièrement réussies.

La ponctuation permet de « diviser » la longue phrase en plusieurs phrases plus courtes. Chacune de ces phrases pourrait être considérée comme autonome. Elles sont indépendantes l’une de l’autre : ce sont des propositions placées l’une à côté de l’autre mais qui n’exercent aucune fonction grammaticale l’une par rapport à l’autre. Elles sont « juste » reliées par un signe de ponctuation.
Mais ce signe de ponctuation change tout en termes de lecture, car ces phrases réduites (le linguiste Richaudeau parlait de sous-phrases) contiennent entre 7 et 15 mots. Un autre exemple :

 proposition d’origine– Nous tenons à préciser que ces deux rencontres sont une première prise de contact qui ne remet pas en cause notre projet initial d’échanger avec chacune des équipes.

Il y a 30 mots dans cette phrase. Une phrase à la fois trop longue et pas claire. « […] qui ne remet pas en cause » : s’agit-il de la prise de contact ou des deux rencontres ?

 nouvelle proposition– Nous tenons à préciser que ces deux rencontres sont une première prise de contact ; elles ne remettent pas en cause notre projet initial d’échanger avec chacune des équipes.

Il y a 29 mots dans la phrase réécrite : pas de réel gain par rapport à la version initiale. Mais, la phrase a été « découpée » en deux sous-phrases bien séparées par un point-virgule. Ainsi, le lecteur va d’abord parcourir les 15 premiers mots puis les 14 suivants, sans confusion de sens. La deuxième proposition est en effet plus claire avec l’ajout d’un pronom : « elles ne remettent pas en cause […] ».

Conclusion : la structure d’une phrase est plus importante que sa longueur.

Donc, si vous souhaitez bien écrire une phrase longue : utilisez l’un des six signes de ponctuation suivants ! A savoir :

  • une virgule ;
  • un point ;
  • un point d’exclamation ;
  • un point d’interrogation ;
  • deux points ;
  • un point-virgule.

Si vous avez besoin de vous remémorer le bon usage des signes de ponctuation, il existe un site sur la ponctuation.

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