La mise en page d’un écrit est trop souvent négligée. On pense que dans un écrit professionnel, la seule chose qui compte vraiment, c’est le fond. C’est un tort, car c’est oublier que notre lecteur dispose de deux hémisphères dans son cerveau ! Souvenez-vous. Dans l’article « L’écriture, c’est aussi une histoire de cerveau », il est expliqué que :
- L’hémisphère droit de notre cerveau est le siège de l’émotion, de la créativité et de l’imagination, il traite les informations de façon instinctive et globale. Il considère toujours les choses d’un point de vue général, sans souci du détail ;
- L’hémisphère gauche est le siège du raisonnement, il traite les informations de façon analytique, avec une logique mathématique. C’est-à-dire qu’il est logique et séquentiel : il pense les choses les unes après les autres en commençant par la première, puis en suivant par la seconde et ainsi de suite.
Or pour lire, l’être humain utilise d’abord le cerveau droit (la perception) puis dans un second temps le cerveau gauche (la raison). Ce qui signifie qu’à première vue, la page est ainsi ressentie comme une image.
Le lecteur est d’abord sensible à la mise en page
Pour écrire, on fait appel à l’hémisphère gauche de notre cerveau. Mais pour lire, on utilise d’abord le cerveau droit puis dans un second temps le cerveau gauche.
Évidemment, tout cela se passe en quelques millisecondes et de façon inconsciente. Mais pour autant, c’est dans ce laps de temps que le lecteur va se faire une idée globale de la qualité du document.
Un document dense, « au kilomètre » sans mise en valeur de mots ou de phrases va renvoyer une impression de fouillis … et impacter négativement le lecteur avant même qu’il ait lu la première phrase.
Au contraire, dès le premier coup d’oeil, une mise en claire et simple va engendrer un à-priori positif et avoir une force attractive sur le lecteur. Ce qui va, toujours inconsciemment, le mettre dans de bonnes conditions pour s’intéresser véritablement au contenu de votre écrit.
Un écrit structuré est engageant pour le lecteur. Voici 7 conseils de mise en page qui ont fait leur preuves.
- Des espaces blancs.
- Un titre en haut de page, correctement écrit.
- Des textes justifiés … ou pas.
- Des polices de caractères standards.
- Du gras ou de l’italique.
- Des illustrations et des légendes.
- Des symboles en début de phrase.
Focus sur les 10 conseils de mise en page
1 – Des espaces blancs
Le blanc doit être utilisé généreusement pour rendre un texte appétant.
- Marges. Il est important de laisser un « blanc tournant » autour du texte. Ce blanc tournant, ce sont les marges du haut, du bas, à droite et à gauche, et dans lesquelles ne doit figurer aucun texte. Pour un document A4 (taille d’une feuille de papier standard en France), les marges doivent être comprises entre 15 et 20 millimètres : c’est un minimum pour une mise en page suffisamment aérée qui permette la mise en valeur des titres, des textes et des images tout en facilitant la lecture des contenus.
- Espaces blancs. Les espaces blancs autour d’un texte, d’un tableau ou d’une photo « donnent de l’air » au lecteur (pas d’impression de surcharge) et permettent de les mettre en évidence. Les publicitaires savent depuis longtemps que les blancs entre les paragraphes stimulent la lecture. Des chercheurs ont plus récemment découvert que des blancs entre les lettres stimulent la lecture des personnes atteintes de dyslexie.
2 – Un titre en haut de page, correctement écrit
L’œil du lecteur occidental est conditionné à explorer la page imprimée de gauche à droite et de haut en bas et. Il est donc préférable de placer le titre en haut à gauche. Les intertitres (qui aident à la lecture) doivent aussi être à gauche. Des recherches ont démontré qu’un titre est lu 5 fois plus souvent que le texte, particulièrement si ce titre est composé de 6 à 12 mots maximum.
Contrairement à ce que beaucoup de rédacteurs pensent, un titre écrit en minuscule est plus facilement lu qu’ UN TEXTE EN MAJUSCULE.
Seul le premier mot prend une majuscule et celle-ci doit être accentuée. Il n’y a pas de ponctuation à la fin d’un titre (sauf s’il s’agit d’un titre sous la forme d’une interrogation).
3 – Des textes justifiés … ou pas
L’alignement est la disposition du texte par rapport aux marges et aux colonnes d’une page. Les deux alignements les plus couramment employés sont l’alignement en drapeau à gauche et l’alignement justifié.
- L’alignement en drapeau à gauche convient aux textes courts, aux textes en retrait et aux sous-titres (cf. point 2).
- L’alignement justifié doit être réservé aux textes longs, avec beaucoup de contenu (lettre au delà de 20 lignes, rapport, compte-rendu, etc.). En effet, avec un alignement justifié à droite et à gauche, l’espace blanc entre les mots est non régulier, ce qui rend le texte d’autant plus difficile à lire qu’il est court. En effet, à chaque nouvelle ligne, l’œil doit se réajuster à sauter d’un mot à l’autre selon des distances différentes.
4 – Des polices de caractères standards
Deux ou trois polices de caractère, grand maximum, suffisent dans un document :
- une pour les titre ;
- une pour le texte ;
- une pour les commentaires ou notes de bas de page.
Il y a quatre grandes familles de police, comme le montre l’image ci-dessous.
Dans un contexte professionnel, la sobriété est de mise, avec l’utilisation des seules polices serif (ou empattement) et sans-serif. Lisibilité garantie avec « arial », « times », « calibri », « verdana », etc. Au contraire, les polices fantaisie et script sont à éviter (sauf cas particulier).
- Les polices avec sérif sont recommandées pour les textes long de plusieurs pages. En effet,
celles-ci sont considérées comme étant plus lisible du fait que les sérifs matérialisent la ligne de
lecture (les caractères sérifs tiennent les mots mieux soudés ensemble et guident l’œil le long de chaque ligne). - Les polices avec sérif sont plutôt réservées pour les titres et invariants.
5 – Du gras ou de l’italique
L’œil est attiré par ce qui est différent. C’est pourquoi, pour mettre en valeur de tout ou partie d’une phrases, on utilise généralement deux modes d’enrichissement : le gras et l’italique. Le gras est systématiquement utilisé pour les titres. En revanche, dans un texte courant, le gras doit être utilisé uniquement pour insister sur quelque chose d’important (mot-clé par exemple). Pour distinguer certains mots ou groupes de mots du reste de la phrase, on utilise l’italique. En effet, l’italique est moins « voyant » : il ne se repère qu’au cours de la lecture.
Quant au souligné, il ne doit plus être utilisé. Le souligné date de l’époque des machines à écrire : c’était le seul moyen, avec les majuscules, de mettre un mot en évidence. Aujourd’hui, il est essentiellement utilisé pour l’affichage à l’écran et indiquer un liens Internet.
6 – Des illustrations et des légendes
C’est cérébral : notre œil est toujours plus attiré par une image que par un texte. Plus une illustration est grande, plus elle attire l’œil. Dans un écrit de travail, nous avons donc tout intérêt à des illustrations de type schémas ou graphiques, voire même des encadrés (textes mis en valeur dans un cadre). De surcroît, les légendes sont plus souvent lues que le reste du texte. Cependant, pas plus d’une illustration par page, car le lecteur ne pourra déterminer en un seul coup d’œil celui qu’il doit lire en premier.
7 – Des symboles
Les symboles les plus anciens sont les tirets ; mais le traitement de texte informatique a permis le développement de d’autres symboles, communément appelées des puces. En début de paragraphe, les symboles ou les puces sont particulièrement efficaces pour stimuler la lecture car d’une part, ils forment des aspérités qui attirent l’œil et d’autre part, ils rythment visuellement la page.
Les listes à puces ainsi obtenues contribuent à rendre un texte plus lisible … mais à condition de respecter une certaine cohérence. Par exemple : opter pour un seul type de construction de phrase (commencer par un verbe ou par un nom, pas l’un et l’autre), rester dans le sujet (ne pas lister un élément qui n’a rien à voir), ne pas dépasser 5 ou 6 éléments dans une même liste.
Pour la mise en page comme pour tout : faites preuve de mesure !
Le conseil de l’excellent François Richaudeau doit s’appliquer : de la mesure en tout. Trop c’est trop. Si trop de moyens sont utilisés, l’œil ne discerne plus l’accessoire de l’essentiel. Autrement dit, pas trop de de polices, pas trop de corps différents, trop de gras, trop de paragraphes, etc.
Scripteurs ou rédacteurs doivent toujours garder à l’esprit que la forme et la présentation n’ont qu’une finalité :
- susciter l’envie de lire ;
- maintenir l’intérêt du lecteur ;
- faciliter la compréhension des informations;
- contribuer à la mémorisation des idées clés.
La mise en page contribue au succès d’un écrit. Comme l’écrivait déjà John Molloy, écrivain du XIXème siècle : « Vous ne pouvez jamais avoir une deuxième chance de faire une bonne première impression. »