Pour faciliter la compréhension de vos écrits, vous savez d’instinct qu’il faut privilégier les phrases courtes et simples. Mais concrètement, pourquoi ces phrases sont-elles plus faciles à lire ? Tout cela vient de la façon dont fonctionne notre cerveau, et plus particulièrement notre mémoire de travail !
Une zone tampon de stockage immédiat
La lecture repose sur deux processus : le processus d’anticipation et le processus de mémorisation avec la mémoire de travail. Cette dernière joue un rôle clé dans plusieurs activités quotidiennes telles que le raisonnement, la compréhension du langage, l’apprentissage du vocabulaire et la lecture.
La mémoire de travail est en quelque sorte une « zone tampon » qui nous permet de finir la lecture d’une phrase sans oublier son début. Elle garde l’information lue en mémoire pendant que nous utilisons cette même information pour comprendre le sens de la phrase, surtout si elle est longue et complexe.
Cependant, notre mémoire de travail a une capacité de stockage limitée. Elle ne peut retenir que 7 éléments (à plus ou moins 2), pendant environ 20 secondes.
Regroupement des mots en unités significatives
Cette limite biologique ne peut pas être dépassée.
Pourtant, il existe des individus qui ont des capacités mémorielles très supérieures. Ceci s’explique par le fait qu’un élément n’est pas nécessairement un mot, mais une unité significative d’information, aussi appelée « chunk » (ou « tronçonnage » en français).
De cette façon, notre cerveau repère les mots qui peuvent être regroupés dans une unité significative déjà inscrite dans notre mémoire. Ces mots sont alors accessibles directement « en bloc » sans mobiliser la mémoire de travail.
Pour aider le lecteur, vous devrez donc écrire un texte logique et compréhensible rapidement, sans effort particulier. Car tout retour en arrière dans un texte ou toute relecture sollicite la mémoire de travail. Or, on l’a vu, celle-ci a une capacité assez limitée.
La mémoire de travail d’un lecteur moyen est limitée à environ 5 mots pour une suite non significative de mots, telle que « éclair rouge nuit de bois« , et à environ 15 mots pour une suite significative de mots qui s’inscrivent dans un contexte précis, telle que « manger une pomme chaque matin est à la fois délicieux et bon pour la santé« .
Une mémoire de travail à rude épreuve avec les phrases longues
Au-delà de cette limite de 15 mots, le lecteur moyen commencera à perdre le fil de sa lecture. Il lui faudra plus d’effort pour comprendre le sens de ce qu’il lit, tandis qu’un lecteur expérimenté y parviendra encore avec aisance.
Mais dès lors que l’on ajoute des mots encore et encore, même les lecteurs les plus véloces finissent par s’avouer vaincus.
Par exemple, avec cette phrase de 62 mots :
« Les écosystèmes marins sont des systèmes complexes où les interactions entre les organismes et leur environnement peuvent influencer la structure et la fonctionnalité de l’ensemble de l’écosystème, en particulier en ce qui concerne les processus trophiques, la dynamique des nutriments, la biodiversité et la productivité primaire, ce qui rend leur étude d’une grande importance pour les scientifiques spécialisés en écologie marine, surtout dans le contexte des défis environnementaux actuels tels que les changements climatiques, l’acidification des océans et la perte d’habitats critiques. »
En résumé, bien écrire est donc une question d’utilisation efficace de notre mémoire de travail.
Pour cela, les regroupements d’informations significatifs facilitent la lecture et la compréhension. En écrivant des phrases courtes et simples, nous pouvons améliorer considérablement la qualité de notre écriture. Ainsi, nous rendrons notre message plus facilement compréhensible.