45 fautes parmi les plus courantes (fin)

« 45 fautes parmi les plus courantes » : suite et fin. Cet article est en effet le dernier d’une mini-série. Si c’est votre première visite sur ce blog, la lecture des deux précédents épisodes est recommandée : « Importance des fautes d’orthographe au travail » et « 45 fautes parmi les plus courantes ».

Pourquoi ce coup de projecteur sur l’orthographe ? Parce que dans les écrits de travail, on n’échappe pas à la nécessité d’un écrit sans faute. La norme orthographique, les conventions rédactionnelles, véhiculent des valeurs implicites qui peuvent rapidement devenir des marqueurs sociaux.

Inutile d’imaginer de plus jamais pouvoir faire de fautes : la langue française souffre de trop de difficultés et d’exceptions, où les codes arbitraires ne riment pas toujours avec la logique. Cependant, il en est quelques-unes, courantes dans les écrits de travail, que nous pouvons éviter… au moins les 45 fautes les plus courantes listées dans cette série.

Revue des fautes d’orthographe les plus courantes

Fin de la revue des fautes d’orthographe et autres (lexicales, grammaticales, expression, syntaxe) de notre texte. Après avoir explicité les 25 premières, voici les 20 suivantes :

26. souligné s’écrit à l’infinitif car il est précédé de « à ». Quand un verbe est introduit par une préposition comme « à » ou « de », il est toujours à l’infinitif. Ici : souligner.

27. vrai est mal accordée : un adjectif s’accorde toujours en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie. Ici avec « leçon« , donc féminin singulier : vraie.

28. savoir vivre : il manque un trait d’union à savoir-vivre. Le trait d’union sert à réunir, à associer deux mots pour n’en faire qu’un seul qui devient un mot composé (nota : le pluriel de savoir-vivre est savoir-vivre ; s’agissant de deux verbes, ils restent invariables).

29aient été est au subjonctif. Or, après « après que », le verbe est à l’indicatif : « après que les scores ont été proclamés ». En revanche, on emploie le subjonctif après « avant que ». Pourquoi ? Parce que le subjonctif contient une part d’incertitude, ce que ne contient pas l’indicatif. L’incertitude existe bien avant que les faits se soient produits (subjonctif), mais pas après (indicatif).

30. félicité et 31. échangées. Ces deux fautes concernent les verbes pronominaux au participe passé. Un verbe pronominal est un verbe accompagné d’un pronom personnel complément qui représente la même personne que le sujet (se).
La difficulté avec ces verbes quand ils sont au participe passé, c’est que parfois ils s’accordent et parfois ne s’accordent avec le sujet.
Pour le déterminer, il y a un principe à retenir (qui a aussi des exceptions, mais bon …) :

  • verbes essentiellement pronominaux : il y a TOUJOURS ACCORD du participe passé avec le sujet.
  • verbes accidentellement (occasionnellement) pronominaux : ACCORD du participe passé en fonction de la place du complément d’objet direct.

Exemples de deux cas avec un verbe accidentellement pronominal :

On retrouve ici la règle du participe passé avec AVOIR.
Petit rappel, un COD se trouve uniquement avec la question QUI ou QUOI (ne pas confondre avec « à qui » ou « à quoi » qui renvoient à un complément d’objet indirect. Dans ce cas, le participe passé ne s’accorde pas).

Et maintenant un exemple avec un verbe essentiellement pronominal (cf. mon billet précédent) :

Dans ce cas, c’est la règle de l’accord systématique avec le verbe ÊTRE.

Pour finir, deux phrases sont utiles pour mémoriser cette règle :

  • Elles se sont maquillées MAIS Elles se sont maquillé les mains

Recherchez la place du complément d’objet direct et vous ne vous tromperez (presque) plus !

32. 1200. Par convention, en France et dans quasiment tous les pays, les nombres doivent être partagés en tranches de trois chiffres par un espace (jamais séparées des points, ni par des virgules). Il faut écrire 1 200.

33. euro : ne pas croire nos billets de banque : euro est un nom qui prend un « s » au pluriel ; il n’est pas invariable. A noter aussi qu’ »Euro » ne prend de majuscule qu’en début de phrase, comme tout autre nom commun.

34._______. Le soulignement est à utiliser avec beaucoup de précautions. C’est une façon de mettre en valeur un mot ou une phrase qui date de l’époque des machines à écrire (le temps de la dactylographie). Aujourd’hui, dans une économie où l’écriture est accessible via toutes sortes d’écran, le soulignement d’un mot marque l’existence d’un hyperlien. Vaut mieux donc le réserver à ce seul usage.

35. Enfin, pour terminer est un pléonasme, c’est-à-dire l’emploi d’un mot ou d’une expression qui ne fait que répéter celui/celle qui le précède. Il faut choisir, soit enfin, soit pour terminer. Le pléonasme peut être volontaire, dans le cas d’un auteur qui voudrait donner plus de force à ces écrits. Mais il est à réserver pour l’écriture journalistique ou littéraire. Dans un écrit de travail, il n’apporte rien. Quelques exemples : à partir de dorénavantainsi par conséquentdifférer à une date ultérieurevoire même, etc… (qui est un pléonasme : soit etc., soit  mais jamais les deux, voir aussi l’article « Espace et ponctuation : stop à la prise de tête ! »).

36. rapelle : ce verbe (comme appeler d’ailleurs) prend toujours 2 « p », pas d’exception. En revanche, la question se pose le plus souvent avec le nombre de « l ». La règle probablement la plus « simple » est celle du projet Voltaire :

  • deux « l » quand on entend le son « è » : « je rappelle », « nous le leur rappellerons », etc. ;
  • un seul « l » quand on entend le son « eu » : « tu appelais », « nous appelions », etc.

37. est prévu : mauvais accord du verbe « être ». Cette règle là est facile à retenir : le participe passé s’accorde toujours en genre et en nombre avec le verbe « être ».

38. Samedi : les jours de la semaine (comme les mois de l’année d’ailleurs) sont des noms communs ; ils ne prennent pas de majuscule, excepté s’il sont placés en début de phrase ou si la date est utilisée comme symbole d’un événement historique : « le Jeudi noir de 1929 », « le 14 Juillet ».

39. et 40. Etant donnée : deux fautes ici. D’une part l’expression « étant donné » est invariable (mais attention, le verbe « donner » s’accorde : « les résultats étant donnés à la fin de la compétition »), et d’autre part, il faut une majuscule sur le E. En effet, les majuscules doivent être accentuées : son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la prononciation, et peut même induire en erreur : Étant donné (pour mémoire : À = alt 183 / È = alt 212 / É = alt 144).

41. De façon à ce que existe mais est incorrect. On (en fait, c’est l’Académie française qui le recommande fortement) lui préfèrera la formulation « de façon que/qu’on ». Il faut ainsi mieux écrire : « […] de façon qu‘on organise au mieux […] ».

42. acceuil : après « c » ou « g », le son  » euil » s’écrit « ueil » : accueil, orgueil.

43. Je vous serais gré : l’expression réelle est « savoir gré » et non « être gré ». On écrit donc : « Je vous saurais gré ».

44. -. est une erreur de ponctuation. Quand le tiret final est aussi la fin d’une phrase, il fusionne avec le point : « […] vouloir me confirmer votre participation – de préférence, par retour de mail. »

45. je vous prie d’agréer l’expression. La formule comporte une erreur fréquente, mais comme peu de gens la connaisse, ce n’est pas vraiment une faute grave ! En effet dans une formule de politesse, le terme « l’expression » (tout comme « l’assurance » d’ailleurs) doit être suivi d’un nom désignant un sentiment. Il faut donc :

  • soit supprimer le mot expression : « je vous prie d’agréer, […] mes salutations distinguées » ;
  • soit remplacer « salutations distinguées » par « sentiments distingués » ou  » parfaite considération » : « je vous prie d’agréer, […] l’expression de mes sentiments distingués ».

Et voilà ! 45 fautes que vous ne ferez plus ! Vous l’aurez compris, certaines fautes sont plus « graves » que d’autres, en ce sens qu’un lecteur attentif y accordera plus ou moins d’importance. Comprenez que plus il y accorde de l’importance et plus vous, auteur ou scripteur, vous perdez en crédibilité. Vous ne me croyez pas ? Écoutez cette chronique de Quentin Périnel, sur Radio Classique au titre éloquent de « Ne vous fiez pas à quelqu’un qui fait des faute d’orthographe » (émission du 27/05/2016 visible ici).

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