Dans le monde professionnel, s’il est bien une qualité recherchée, c’est l’efficacité. Et cela vaut aussi pour les écrits de travail (aussi appelés écrits utilitaires), quel qu’ils soient : note, courrier, compte-rendu, rapport… Or une écriture efficace, c’est avant tout une écriture simple.
Par exemple, le rapport de stage d’une étudiante en première année d’université. Dans les premières lignes, il est écrit :
– « Au vue de la place grandissante du téléphone portable dans nos vies, le secteur de la téléphonie est assuré de se développer pendant encore de nombreuses années ».
Une version plus simple et plus percutante de la même phrase :
– « La place grandissante du téléphone portable dans nos vies assure le développement du secteur de la téléphonie pour encore longtemps ».
- Vous avez déjà repéré la suppression de « au vu de ». Une expression « ronflante » qui : 1) donne un style ampoulé à la phrase et 2) contient une faute d’orthographe !
Et oui, utiliser du vocabulaire courant et concret diminue le risque d’écrire avec des fautes.
Pour mémoire, la locution « Au vu de » est toujours invariable. A noter que l’usage de la préposition « vu » aurait allégé la phase : « Vu la place grandissante du … ». Dans cet usage, « vu », comme d’ailleurs « au vu de », signifie « étant donné » : c’est une préposition (et non le participe passé de « voir ») qui reste invariable. |
Au-delà du risque orthographique de au vu de, il y a un autre argument en faveur de « étant donné » : utiliser des mots courants permet au lecteur de comprendre plus rapidement le sujet du texte et l’essentiel de son contenu.
- Ensuite, si vous comptez les mots qui composent la phrase, vous constatez que ma phrase est un peu plus courte : 20 mots contre 27.
Ce qui la rapproche du nombre idéal de mots dans une phrase, soit 20 mots en moyenne. En moyenne signifie que pour un même paragraphe, des phrases courtes peuvent compenser des phrases plus longues. Par ailleurs, varier la longueur des phrases permet de rythmer l’écrit. Cependant, il y a quand même une limite de longueur : les phrases de plus de 35 mots sont difficiles à lire et à comprendre pour tout le monde. Tout le monde, y compris les plus érudits d’entre-nous. Cette limite est à mettre en lien avec la capacité de mémoire courte du cerveau humain. - Il y a aussi le remplacement de « pour de nombreuses années » par « longtemps » se justifie du fait que plus les mots sont courts, et plus le confort du lecteur augmente (ceci a été mis en évidence par les études de Rudolf Flesch sur la lisibilité).
- Enfin, vous avez noté la transformation de la phase de la voix passive à la voix active. Ce qui rend la phrase plus compréhensible. En effet, sa construction indique clairement le lien de cause à effet entre la place grandissante du téléphone et le développement du marché de la téléphonie.
Le sujet fait l’action.
En conclusion : qu’est ce qu’écrire simplement ? C’est écrire un texte de façon à ce que son destinataire le lise et le comprenne facilement. C’est aussi s’assurer qu’il le lira jusqu’au bout.
P.S. : pour la petite histoire et pour introduire un prochain article sur la lisibilité, ce message contient 30 phrases et 527 mots, soit une moyenne de 17.5 mots.
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