Abréviations de quelques mots courants dans un écrit de travail

Les abréviations sont légion en français, mais c’est seulement à un petit nombre d’entre elles que nous avons généralement recours lorsque nous écrivons en contexte professionnel.
En effet, l’utilisation des abréviations est censée nous permettre de gagner du temps. Mais ça, c’est :

  1. quand on les connaît ;
  2. quand on sait correctement les insérer dans une phrase.

Dans cet article, vous trouverez un point :

  • Sur les différents types d’abréviations normées que l’on trouve dans la langue française ;
  • Sur l’orthographe et la typographie correcte de ces abréviations dans un écrit, notamment en contexte professionnel.

Pourquoi les abréviations normées ? Parce qu’elles sont arbitraires et s’imposent à nous dans un écrit de travail.
Autrement dit, on ne parle pas ici des codes que chacun peut s’inventer pour gagner du temps et de l’espace en écriture ou en prise de notes. Ainsi, le mot « économie» sera pour les uns « éco», pour les autres « écon.» et pour d’autres encore un simple « E ».

Ce sont ici les abréviations les plus couramment rencontrées dans les écrits de travail. Certaines situations d’écriture requièrent l’utilisation de règles spécifiques : mémoire universitaire, actes juridiques, etc.

Les différents types d’abréviations

Les abréviations relèvent de types différents, avec :

  • L’abréviation proprement dite,
  • L’acronyme,
  • Le sigle,
  • Le symbole.

L’abréviation proprement dite

L’abréviation est un mot dont on a supprimé un certain nombre de lettres :

– Soit des lettres finales,
– Soit toutes les lettres sauf l’initiale,
– Soit des lettres médianes (au milieu).

Exemples :
Av. pour avenue
Mme pour Madame
5e pour cinquième
p. pour page
réf. pour référence

À noter que :
– Si le mot exige une majuscule, son abréviation aussi : Arch. nat. (Archives nationales, en tant qu’institution)
– Si le mot commence par une majuscule accentuée, ça sera également le cas de la majuscule de l’abréviation : Éts Dupont et Dupond (Établissements Dupont et Dupond)

Le sigle

Le sigle est une abréviation constituée des initiales de plusieurs mots et qui s’épelle lettre par lettre.

SVP pour s’il vous plait
PME pour petite et moyenne entreprise
SNCF pour société nationale des chemins de fer

Les signes s’écrivent toujours en majuscules et ne comportent ni signes abréviatifs, ni trait d’union, ni accent. Ils sont invariables.

Exemple  : « École nationale d’administration » mais « ENA ».

Rappel : en français usuel, les majuscules (capitales) doivent être accentuées.

L’acronyme

L’acronyme est un sigle qui se prononce de manière syllabique comme un mot ordinaire. Au point qu’on a le plus souvent oublié ce que le sigle signifiait initialement.

UNICEF : United Nations children’s fund – Fonds des Nations Unies pour l’enfance

Ils s’écrivent généralement en lettres capitales et suivent les mêmes règles que les sigles : pas de point abréviatif, pas de trait d’union, pas d’accent.

Avec l’usage, certains acronymes deviennent des noms communs. En général, à ce moment là, ils entrent dans les dictionnaires. Comme par exemple :

radar : RAdio Detection And Ranging
laser : Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation
cedex : Courrier d’Entreprise à Distribution Exceptionnelle
modem : MOdulateur-DEMOdulateur

Les acronymes acquièrent les usages des noms ; ainsi ils peuvent prendre la forme du pluriel.
Exemples : un laser, des laser/ un ovni, deovnis.

Ils gardent une majuscule quand ils forment un nom propre. Exemples :

L’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord).
L’Afnor (Association française de normalisation).

Le symbole

Le symbole est un signe conventionnel constitué d’une lettre, d’un groupe de lettres… Ou d’un symbole.

Ko pour kilo-octet.
km pour kilomètre.
§ pour paragraphe.

L’orthographe et la typographie d’abréviations courantes

Madame, Mademoiselle, Monsieur

Il s’agit ici d’une révision, ce sujet est déjà abordé dans l’article « Espace et ponctuation : stop à la prise de tête ! ».

  • Madame : Mme et non Me ;
  • Mademoiselle : Mlle, et non Melle ou Mle.
    Nota : dans les documents administratifs, on s’abstiendra d’utiliser Mlle au profit de Mme, que celle-ci soit mariée ou non.

Les formes avec exposants (Mme, Mlle) sont la règle mais les formes sans exposants (Mme, Mlle) sont aussi correctes (ce ne sont pas ce qu’on appelle des graphies fautives).

  • Le pluriel s’obtient en ajoutant un « s » : Mmes, Mlles.
  • Monsieur : M., et non Mr. qui est un anglicisme.
    Messieurs (pluriel) donne MM. (avec le point derrière MM).

Bon à savoir : les abréviations de Docteur, Professeur et Maître sont respectivement « Dr », « Pr » et « Me ».

Les nombres

  • Le premier : le 1er
  • La première : la 1ere
  • Le / la deuxième : 1e / la 2e
  • Le second : le 2d
  • La seconde : la 2de
  • Le / la troisième : le / la 3e
  • Le / la quatrième : le / la 4e
  • Le / la quinzième : le / la 15e

Pour tous, le pluriel se forme en ajoutant un « s » : 1ers ; 1res ; 2ds ; 2des ; 2es ; 3es, etc.
L’usage formel recommande de mettre ces abréviations sous forme d’exposants. Cependant, la forme standard est tolérée : 1ers ; 1res ; 2ds ; 2des ; 2es ; 3es, etc.

Le mot numéro

L’abréviation de numéro est « o ».  Il s’agit de la lettre « o » en mode exposant, pas de la touche « degré ».

  • « numéro 1 » = no 1 .
  • Au pluriel : « o » devient « os »  : numéros 1 et 2 = nos 1 et 2 .

Le « n » est toujours en minuscule. Il faut un espace juste avant le nombre.
Le # n’existe pas en langue française. Il est en revanche utilisé par les Américains.

Les poids, les mesures et le temps

Les abréviations des poids, des mesures et du temps sont des symboles universels : ils sont utilisés dans toutes les langues.
En effet, le mètre, le kilogramme et la seconde font partie des unités de base du système international de mesures (tout comme l’ampère, le kelvin, le mole et le candela), duquel découlent toutes les unités utilisées en science.

  • mètre = m
  • centimètre = cm
  • kilomètre = km
  • hectare = ha
  • kilogramme = kg
  • gramme = g
  • heure = h
  • minute = min
  • seconde = s

Trois règles sont très importantes pour ces symboles :

  • Ils sont invariables. Attention cependant : si le symbole ne prend jamais la marque du pluriel, ce n’est pas le cas du mot écrit en toutes lettres : 12 kg mais 12 kilogrammes, 120 ha mais 120 hectares,
  • Ils s’écrivent sans point abréviatif (sauf en fin de phrase : « Elle a couru 100 m. » Le point correspond alors au point final).
  • Le respect des majuscules ou minuscules est essentiel. On n’écrit donc pas KG, KGS, Kgs, K.G. ni k.g.

Petite précision à propos de l’écriture de l’heure.
Le choix d’écrire le mot « heure » en abrégé ou pas se fait en fonction de la façon dont est écrit le mot « minute ».

  • Ainsi, si on écrit le mot « minute » en toutes lettres, alors le mot « heure » doit l’être aussi.
    Exemple : L’heure du départ est prévue à 15 heures 15 minutes exactement.
  • Si le mot « minute » est abrégé ou supprimé, alors le mot « heure » est écrit en abrégé.
    Exemple : L’heure du départ est prévue à 15 h 15 min (ou 15 h 15) exactement.

S’il n’y a pas de minute (cas d’une heure pleine), on peut choisir d’abréger ou non : 15 heures ou 15 heures.
Dans tous les cas : ne pas oublier l’espace devant et derrière le « h » et devant « min ».
La règle veut également qu’on n’ajoute pas de 0 (zéro) devant un nombre de minutes inférieur à 10. Ainsi, on écrit 15 h 5 pas 15 h 05.

Pour finir, deux expressions latines que l’on a tous utilisées un jour

L’abréviation de « nota bene »

Un nota bene (du latin notare, « noter », et bene, « bien ») est une remarque, une précision apportée au texte principal. On signale un nota bene en le faisant précéder de l’abréviation « N.B. » ou « N. B. » (avec ou sans espace), sans deux-points intermédiaire.

Exemple :
N.B. Seuls les journalistes préalablement accrédités pourront entrer.

Par convention, cette abréviation s’écrit en majusculesavec points abréviatifs.

L’abréviation de « postscriptum »

Un postscriptum (du latin postscriptum, de postscribere, écrire après) est une note succincte que l’on place au bas d’une lettre, immédiatement après la signature.

On signale un postscriptum en le faisant précéder de l’abréviation « P.-S. ». La règle veut que l’abréviation soit suivie d’un tiret, et non d’un deux-points.

Exemple :
P.-S. – N’oubliez pas de parapher toutes les pages.

Mais dans les faits, la graphie « P.S. » (avec les points abréviatifs mais sans le tiret) est admise. Dans ce cas, elle est suivie de deux-points.

Exemple :
P.S. : N’oubliez pas de parapher toutes les pages.

Pourquoi tant d’erreurs d’abréviations dans nos écrits ?

La plupart des erreurs dans l’usage des abréviations tient essentiellement au fait qu’on n’a jamais vraiment appris à les écrire correctement. On apprend sur le tas et on reproduit sans le savoir des formes qui sont inexactes.

Comment deviner que l’abréviation de « c’est-à-dire » est : « c.-à-d. » et non c-à-d ? Ici, c’est parce que la règle veut qu’une abréviation est suivie d’un point, sauf pour les unités de mesure (voir ci-dessus), et pour les abréviation construites en conservant la dernière lettre du mot.

Exemple : « bd » pour boulevard. Le « d » est la dernière lettre du mot, donc pas de point. Alors que les lettres « c.-à-d. » ne sont pas les dernières du mot. D’où le point…

Comment deviner que les signes « ‘ » et «  » » sont les abréviations de minute et seconde… uniquement pour la longitude, la latitude et les angles ? Et que seules « », « min » et « » sont les graphies correctes pour indiquer l’heure ?

La faute à l’anglais aussi. On lui emprunte des abréviations au détriment de celles du français. L’une des erreurs les plus fréquentes est l’abréviation de Monsieur, trop souvent écrite Mr (c’est-à-dire Mister) alors que la forme correcte est « M. »
Même chose dans les adresses, où figurent des blvd. (boulevard) et des apt. (appartement) quand les formes correctes sont respectivement « boul. » ou « bd » et « app. ».

Source : Projet VoltaireEnquêtes linguistiques.

[mailpoet_form id="1"]
Retour en haut