Dans la continuité de l’article « L’écriture, c’est aussi une histoire de cerveau (1/2) », essayons de comprendre comment votre cerveau lit un texte.
Quand votre œil découvre un texte, il ne lit absolument rien du tout. Il ne fait que parcourir le texte un peu comme un scanner, pour trouver des formes, des indices qui vont permettre au cerveau droit, celui qui intuitif, global, créatif, de collecter suffisamment d’informations qu’il va envoyer au cerveau gauche, celui qui est logique et séquentiel, pour que ce dernier les analyse et enfin les lise.
Comme déjà évoqué dans « Comment lit notre cerveau ? », le cerveau droit est très intuitif. Il procède par ressemblance et par comparaison avec des objets similaires qu’il a déjà vus dans le passé. Voici un exemple de ce dont il est capable.
La lecture : une affaire d’anticipation
Regardez cette phrase extraite d’un courrier reçu après un achat en ligne : il manque un mot.
À la place des petits points, vous avez sans doute déjà « vu » le mot manquant : « carte ».
Comment, le cerveau peut-il lire un mot qui n’existe pas ?
En fait, inconsciemment, vous et surtout votre cerveau droit avez repéré des indices de sens, donné par le contexte.
- Le contexte, c’est ce qui permet au cerveau de situer le plus précisément possible le texte dans l’univers des écrits : un article de journal ? un courrier publicitaire ? une lettre de relance ? une recette de cuisine ?
On est ici dans le contexte d’une transaction commerciale, ce que vous avez compris sans même savoir que ce texte est un extrait d’un courrier suivant un achat. Merci cerveau droit !
Cela vous a incité à choisir le mot le plus probable, à savoir le mot « carte » en excluant du même coup beaucoup d’autres mots comme raquette, sacoche, assiette… Et même des mots utilisant presque les mêmes signes, les mêmes lettres comme carpe ou cape.
Ensuite, il y a eu un indice syntaxique.
- Cet indice syntaxique a été donné avec l’utilisation de « la » . « La » est un article qui appelle nécessairement un mot féminin. Du coup, vous avez exclu le mot chèque, qui était un autre moyen de paiement tout a fait plausible dans le contexte …. Mais « chèque » étant du genre masculin, c’est une option que n’a pas retenu votre cerveau !
Ici, c’est votre cerveau gauche qui a le plus travaillé, puisque c’est lui qui est dépositaire de toute la banque de données de mots et d’expressions que vous connaissez.
Vous avez aussi été aidé par la structure de la phrase.
- « Bancaire » étant un adjectif, votre cerveau a, toujours inconsciemment, recherché un nom et non un verbe ou un adverbe ou un prénom, etc.
Le cerveau recherche toujours les indices prédictifs qui vont lui permettre de faire des hypothèses sur ce qui va être lu, à partir de ce qui déjà lu (ou vu). Et voila comment votre cerveau a été capable de lire un mot qui n’est pas écrit. Évidemment, cet exemple peut paraître relativement simpliste. Cependant, quel que soit le texte à lire, c’est toujours comme ça que fonctionne le cerveau d’un lecteur expérimenté (et en matière d’écrits professionnels, on peut supposer que le lecteur de vos écrits de travail est effectivement un professionnel expérimenté).